Les découvertes archéologiques, grâce aux pollens fossiles, font remonter les sources des connaissances thérapeutiques à la préhistoire.
Le plus ancien corps humain jusqu'ici découvert en relativement bon état, celui d'Otzi, conservé depuis 5 300 ans dans le glacier de Similaun près de Bolzano (dans les Alpes italiennes), portait un collier de champignons séchés dont il se nourrissait pour traiter sa trichinose. L'examen de sa peau et de son squelette révéla des tatouages exactement superposés à ses lésions d'arthrose. Sans doute s'agissait-il de tatouages thérapeutiques comme il s'en pratique encore au Tibet et en Sibérie.
Bien avant le Grec Hippocrate, créateur de la médecine scientifique, les premières pharmacopées égyptiennes et mésopotamiennes dressaient des listes de centaines de plantes thérapeutiques, dont l'aloès, le chanvre, la jusquiame, le pavot, le ricin, on en compte trois cents espèces dans un document babylonien. Elles étaient utilisées comme aujourd'hui en pilule, pommade, lotion, poudre et même suppositoire.
Le traité de Dioscoride, médecin grec des armées de Néron, en énumérait plus de cinq cents dans les cinq volumes de son De materia medica (« Sur la matière médicale »). Cinquante-quatre d'entre elles figurent toujours sur la liste des espèces médicales essentielles publiées en 1978 par l'Organisation mondiale de la santé.
Nos Ancêtres savaient se relier au monde végétal; ils on pu ainsi confirmer des intuitions thérapeutiques que leur adressaient certaines plantes dites médicinales. C’est ainsi que sont entrés dans le patrimoine culturel les remèdes dits de « bonne femme », et c’est également ainsi que le docteur Edouard Bach a su découvrir des plantes, qui prises sous forme d’élixir floral, sont apaisantes pour des états d’âme perturbés.
Comment les humains ont-ils appris que, par une sorte de loi de la nature, les plantes n'avaient pas seulement une vocation d'ornement ou de nourriture, mais qu'elles détenaient aussi dans le secret de leurs fibres le pouvoir de les protéger, de les soigner, de les guérir ?
Sans doute tout d'abord par les animaux, qui ont su les premiers tirer profit de leurs capacités thérapeutiques auxquelles elles doivent leur statut de plantes médicinales. Aristote remarque que les chiens se débarrassent de leurs vers en mangeant du blé au champ. Les gardiens du zoo de Copenhague ont récemment observé que les singes manifestaient une préférence pour les produits bio. Dans l'ouest de la Tanzanie, les chimpanzés de la région de Mahalé se purifient de leurs parasites intestinaux en mastiquant la moelle des jeunes pousses d'un arbuste, le Vermonia amygdalina.
La consommation de la plante à des fins d’expérimentation étant aléatoire (voire mortelle), l’hypothèse de l’observation du végétal basée sur le principe "similia similibus curantur" (les semblables soignent les semblables) est plus réaliste.
Pline l'Ancien cristallisa cette idée dans son Histoire naturelle en 37 livres qui est une des principales sources de connaissance de la Rome antique.
On retrouve également l'origine de la théorie des signatures en Grèce antique mais elle devait exister dans d'autres cultures.
Paracelse rendit célèbre cette conception ancienne qu’il résuma par cette maxime «Tout ce que la nature crée, elle le forme à l’image de la vertu qu’elle entend y attacher”.
Dans cette théorie, les plantes ont souvent été chargées de sens, induits par leur morphologie, leurs couleurs ou bien a partir du milieu dans lequel elles prospèrent, et sont devenues des bases de remèdes supposés guérir un mal car elles présentaient certaines similitudes avec l’organe atteint ou des ressemblances avec certaines maladies. On peut dire que c’est une médecine par analogie.
Pourquoi le haricot est-il tout naturellement destiné aux maladies du rein, et la noix à celles du cerveau ? Parce qu'ils en ont la forme. On a récemment isolé dans l'huile de noix des acides nécessaires au fonctionnement du système nerveux et donc du cerveau. Pourquoi les paysans des montagnes du Bourdonnais soignent-ils leurs hémorroïdes avec des racines de sicaire ? Parce que leurs ancêtres avaient observé que les renflements de ces racines étaient en tous points analogues à ceux des hémorroïdes : encore une « signature » confirmée par les essais cliniques et pharmacologiques.
Mais l'exemple le plus frappant est celui de l'aspirine. Il résume, les grandes étapes de l'histoire de la pharmacie. Sa mise au point est le résultat de trois « signatures » thérapeutiques. Dans les années 1750, un savant anglais, Edmund Stone, intrigué par la présence de nombreux saules dans les zones marécageuses où sévit la malaria, est saisi d'une double intuition : les arbres ne seraient-ils pas protégés par leur écorce, qui pourrait alors guérir les fièvres des humains ? Il le vérifie par des observations cliniques. Comme cette écorce a le même goût amer que celle du quinquina, il en déduit qu'utilisée en décoction elle devrait être efficace contre le paludisme. Une troisième « signature » lui donne à réfléchir : constatant la ressemblance entre les rameaux des saules - souples et flexibles - et la forme des articulations humaines, il se dit que leur écorce devrait également pouvoir soigner les ankyloses articulaires et les douleurs rhumatismales.
L'histoire allait connaître encore cinq rebondissements avant d'aboutir à l'aspirine. En 1829, le pharmacien français Pierre-Joseph Leroux isole à partir d'un extrait d'écorce de saule un constituant qu'il nomme salicyline. À peu près à la même époque, son confrère suisse Johann Pagenstecher distille des fleurs de reines-des-prés (Spirea ulmaria) et en obtient l'aldéhyde salicylique, que l'Allemand Karl Löwig allait oxyder en acide salicylique. Ce dernier présentant la même structure de base que la salicyline. Le Strasbourgeois Charles Gerhardt, issu de la célèbre faculté de Montpellier, étudia l'acétyle pour la première fois. Il faudra encore qu'un troisième savant français, Guerland, en réussisse la synthèse pour qu'un chimiste allemand de l'entreprise Bayer, Felix Hoffmann, entreprenne la fabrication industrielle de l'acide scientifiquement dénommé alors « acide salicylique ». Ainsi fut élaborée et lancée l'aspirine joliment dérivée de Spirae, cette humble reine-des-prés qui allait donner naissance au roi des médicaments.
Pour reconnaître la signature d’une plante, il est nécessaire de faire le silence en soi et de l’accueillir à l’aide de nos cinq sens, sans la nommer, sans la juger belle ou pas, sans la réduire à un usage thérapeutique, ou la stigmatiser en la réduisant à un poison violent (bien souvent ce sont des plantes dites vénéneuses qui sont à l’origine de grands remèdes homéopathiques). La manière d’être qui convient pour vivre cette approche des plantes tient plus de la méditation, de la célébration, que du savoir du botaniste ou de l’herboriste.
La théorie des signatures, par ce jeu de correspondances et d’affinités retrouvées, entre les plantes et nous, entraîne la personne sur un chemin de conscience.
Elle est, de toutes les leçons de sagesse de la création, l'une des plus séduisantes dans sa logique édénique, elle demeure l'une des bases fondamentales de l'homéopathie moderne.