Samedi dernier, la gare de Bordeaux était en fête avec l'arrivée du Train Alzheimer!
Je ne sais pas si nombre d'entre vous l'auront visité, ici ou ailleurs, personnellement j'y ai vu peu de soignants, mais plutôt des aidants. Ce qui n'ôte en rien du sens à cette démarche. Bien au contraire, car il existe de nombreux salons professionnels, colloques, qui peuvent faire avancer la réflexion des professionnels sur cette maladie, et sur le grand âge et la dépendance en général.
Pour les personnes qui accompagnent au quotidien les personnes atteintes par cette maladie, la famille, les bénévoles d'association, cet évènement était une vraie occasion de se renseigner sur les aides financières qui permettent d'améliorer la prise en charge des malades et sur les soutiens humains que diverses associations peuvent leur procurer.
J'ai trouvé le concept du train très original et même en phase avec cette maladie. L'idée d'aller d'une gare à l'autre, comme d'une mémoire à l'autre. Et jusqu'à cet enfermement que l'on ressent de manière opressante, notamment dans la salle des conférences située en bout de train, une sensation dûe à l'étroitesse des lieux et au bruit de la climatisation, à la résonnance du micro.
Mon sentiment fut cependant que la parole était confisquée par les médecins. Je ne remets pas en question leur légitimité et leur autorité, mais j'aurais aimé entrendre des aidants, des soignants qui sont dans le quotidien, et pourquoi pas des malades qui sont au début de ce douloureux périple et qui peut-être auraient des choses à dire ?
La première conférencière permit cependant à quelques personnes d'intervenir. La présidente de France Alzheimer Gironde présenta une belle initiative, le Bistrot Mémoire de Bruges, un lieu de partage, de soutien, pour les malades, leur famille, les aidants en général.
Un formateur bénévole, également de l'Association France Alzheimer, apportait un éclairage très constructif sur la prévention des chutes et sur les règles de bon sens qui permettent de sécuriser l'environnement d'un proche atteint par la maladie d'alzheimer.
Mon grand regret enfin... Aucune place ne fut faite à la médecine alternative et aux pratiques de santé naturelles. Rien sur les soins de mieux-être qui peuvent pourtant réellement améliorer le confort de vie des personnes souffrant d'Alzheimer, pas même un mot sur la méthode Snoezelen... Etonnant, quand on sait que la communication avec ces personnes passe essentiellement par le sensoriel, par le regard, le toucher, l'olfaction !
Rien non plus sur la maltraitance* envers les plus dépendants, les plus fragiles...
Et puisque le coût de "la gestion des cas" Alzheimer fut largement exposé, pourquoi ne pas ouvrir le débat sur les grosses économies qui pourraient être réalisées dans le budget de la Sécurité Sociale grâce aux pratiques de soins naturels ?
Des personnes de l'assemblée tentèrent d'amorcer un échange sur la récente étude qui démontrent un lien entre la prise de psychotropes et la maladie d'Alzheimer, mais d'autorité les médecins présents élaguèrent les questionnements...
La médecine intégrative, médecine de l'avenir, sans doute mais dans combien de temps?
*Pour celles ou ceux qui ne connaîtraient pas encore Jean-Charles Escribano, lisez "On achève bien nos vieux", le témoignage bouleversant d'un infirmier qui dénonce l'inhumanité au quotidien. En préambule, cette phrase de l'Abbé Pierre qu'il fait définitivement sienne: "Tout homme doit être capable de s'indigner".